Deux bonnes heures de route sous des averses parfois violentes pour arriver en tout début d’après-midi devant une plage déserte par ces 18 degrés et ce ciel gris, à marée haute, et pour trouver trois promeneurs sur la promenade du front de mer… La pluie a cessé à Saint Valéry, mais comment rencontrer des personnes disposées à consacrer un peu de temps pour répondre à ce questionnaire de préparation du débat ? Au moins, j’ai pu parler un peu avec les dames qui tiennent le comptoir de la SNSM et vendent des produits à son profit. C’est une première expérience pour moi, et je ne suis pas sûre qu’elle sera concluante.
Finalement, c’est simple et, ce qui est à la fois surprenant et satisfaisant, c’est très naturel : la fête de la mer prend un nouvel élan à partir de 14 heures, et petit à petit les flâneurs, en famille, entre amis ou en couple, jettent un regard sur nos « wing-flags » bleus comme la mer (par beau temps !) et qui claquent bien au vent ! En mer, en Normandie, de nouvelles éoliennes ? En avez-vous entendu parler ? Avez-vous entendu parler de la CNDP ? Peut-être cet hiver ?...
Oui, la très grande majorité a entendu parler des deux sujets… Sur le premier, c’est de l’appel d’offres déjà conclu pour un parc au large de Dieppe-Le Tréport. Mais non, pour le projet actuel du gouvernement de définir une ou plusieurs autres zones d’implantation possible entre Cherbourg et la limite avec les Hauts de France, on ne savait pas. Et de quelles informations auriez-vous surtout besoin pour que le débat public qui s’engagera dans quelque temps vous soit utile ? D’après vous, le débat sera réussi si… ?
Si les décideurs prennent en compte les conclusions et recommandations, si le débat peut s’appuyer sur des études et retours d’expérience fiables, émanant d’experts vraiment indépendants : « des études PROUVEES », me précise ce patron d’une petite ( ?) entreprise qui me demande de l’écrire en MAJUSCULES. Il connaît bien le monde de la mer de par sa profession, mais attend toujours d’avoir accès à ce type d’informations. Il n’est plus marin pêcheur : la vie nous amène parfois à des reconversions ; « traverser les difficultés, aller plus haut, pour cela il faut avoir des racines profondes ». Une note d’humanité sur un ton pudique, peut-être parce qu’il se sent écouté. D’ailleurs, il continue : le débat sera réussi si chacun écoute l’autre vraiment avec respect ; que rien ne soit présenté comme une évidence acquise, que tout puisse être questionné.
Plus tard, c’est un très jeune couple, à l’allure très pressée, mais qui s’arrête quand même à l’énoncé du sujet : il est électricien et pour lui, le débat doit permettre d’informer correctement sur les enjeux pour l’environnement dans toutes ses dimensions. Lui le technicien, il se demande si les poissons reviendront après les travaux, si la sécurité et la santé seront préservées. Ce sont des questions prioritaires à aborder, selon lui. Selon sa jeune compagne, on ne saura pas : c’est lui qui parle et elle en est d’accord… J’ai d’ailleurs constaté cela plusieurs fois dans l’après-midi : cela explique peut-être en partie la proportion plus importante de réponses émanant des hommes plutôt que des femmes dans cette opération ?
Dernière question : avez-vous l’intention de participer au débat ? Pour beaucoup, non, pas vraiment, peut-être sur internet. Ce n’est pas un refus de débattre, ce n’est pas une position de principe pour les flâneurs de cette journée. C’est de la réserve, une forme de timidité peut-être.
Retour à la maison quand il faisait déjà nuit : j’avais beaucoup de travail en attente, j’aurais préféré revoir la côte sous le soleil, mais je ne regrette pas : j’ai pu écouter tranquillement de « vrais gens » réfléchir posément à de vrais sujets.