Lors d'une de nos premières réunions de travail, nous disposons de différentes cartes illustrant le dossier fourni par la Ministère. Elles décrivent des zones de différentes tailles. Elles sont précises et détaillées. Presque trop détaillées. Et surtout elles sont « vues » depuis la terre.

A un moment Jean-Philippe sort de son dossier une carte marine. Et notre regard change.

Il commente la carte et nous raconte la mer, la Manche Est.

Il nous décrit les courants dominants, les pièges indiqués sur la carte, les aléas de la mer. Nous prenons conscience que la mer, n'est pas cette belle surface, plate et vide que nos yeux de terriens ont l'habitude de mémoriser. La mer, et surtout celle-là, est bourrée d'activités. Un trafic dense de navires de commerce, toujours plus haut, plus gros et toujours plus dérivants en cas d'avaries. C'est l'un des couloirs de navigation les  plus denses du monde. Mais il y a aussi des flottilles de bateaux de pêche français mais aussi belges, hollandais et espagnols ou encore, pour combien de temps, de bateaux anglais. Des tailles différentes et des techniques de pêche variées que l'on soit proche ou éloigné des côtes. Il y a aussi des zones réservées pour que viennent y mouiller des bateaux en cas de tempête ou d'avaries. Il y a ces fonds sur lesquels courent de nombreux câbles et se nichent des vestiges de nos guerres anciennes ou récentes. Il nous raconte aussi comment la lecture de la carte se modifie radicalement avec les variations de la météo. Il nous fait vivre les creux, les vents, la force des courants.
 
Nous autres, terriens de culture, regardons autrement cette mer, cette Manche Est. Elle a une vie intense, des variations d'humeur, des secrets, une belle complexité. Elle offre des joies et des pièges.
 
Grâce à une carte marine, Jean Philippe nous a fait quitter la terre ferme. C'est depuis la mer qu'il convient de regarder ce qui va faire notre débat.

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